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mercredi 27 novembre 2019

Et si le Black Friday était un désastre pour le commerce ?



Le Black Friday devrait de nouveau battre des records de chiffres d’affaires en 2019. Loin d’être une bonne nouvelle, ce succès commercial fragilise un secteur déjà en difficulté. Sans compter son impact environnemental.

Black Friday-désastre
Trop c’est trop. Alors que la sixième édition du Black Friday version française devrait une nouvelle fois battre des records de chiffre d’affaires (près de 6 milliards d’euros de CA anticipés, contre un peu moins de 5 milliards d’euros en 2018), la riposte s’organise pour lutter contre cette semaine entière de promotions. Un peu partout en France et dans le monde, des mouvements initiés par des entreprises et associations en tout genre se créent afin de porter un autre message que celui de la consommation sans limites.
« Réparer ou donner plutôt que de jeter, allonger les durées de vie, acheter local, choisir des produits labellisés, autant de bonnes pratiques qui font une vraie différence », revendique par exemple le mouvement Green Friday, qui regroupe un peu plus de 180 entreprises installées en France et en Belgique (Altermundi, Emmaüs France, Ethiquable…). Afin de sensibiliser les consommateurs sur l’importance de ces petits gestes, divers ateliers et animations sur la rénovation de produits utilisés au quotidien (vêtements, électroménagers, électronique…) seront mis en place par ces structures un peu partout en France ce vendredi 29 novembre 2019. Dans le même esprit, 450 marques de modes (Nature & Découverte, LePantalon, Bonne Gueule…) ce sont réunies dans un collectif initié par la griffe Fuego nommé « Make Friday Green Again ». Ces dernières encouragent également leurs clients à faire le tri dans leurs placards pour revendre ou recycler ce qui ne les intéressent plus. De plus, elles s’engagent à ne pas casser les prix en cette journée du 29 novembre, afin de sensibiliser les consommateurs sur la notion de prix juste.
Block Friday
Le spécialiste de la seconde main à Lyon, WeDressFair, ne proposera aucun produit à la vente dans sa boutique ainsi que sur son site e-commerce en ce vendredi 29 novembre 2019. A l’inverse l’entreprise organisera, dans son point de vente ainsi que sur ses réseaux, des ateliers gratuits afin d’apprendre à réparer vos vêtements ou encore à concevoir votre propre lessive, afin d’allonger la durée de vie de vos articles de mode.

Quand les marges réduites tuent le commerce

Si les considérations environnementales concentrent – à juste titre – l’essentielles des critiques vis-à-vis de cet événement commercial importé tout droit des Etats-Unis, il n’en faudrait pas pour autant oublier que le Black Friday est tout aussi désastreux pour les premiers concernés, à savoir les fabricants et commerçants qui participent à cette célébration des prix cassés. Et pour cause, qui dit promotions, dit forcément des niveaux de marges réduites, quand bien même il s’agit parfois de fausses remises (voir notre article : Quand Black Friday rime avec fausses promotions). Et c’est justement cela qui fait défaut aujourd’hui à bon nombre de commerçants : retrouver des niveaux de marges qui leur permettent de vivre décemment de leur activité ! La période des fêtes de fin d’année restaient encore l’un des rares moments de l’année pour vendre à des prix « normaux », autrement dit non barrés. Mais ça c’était avant le Black Friday, qui contrairement à ce qu’affirment ces promoteurs, ne permet en aucun cas de booster la consommation. Une étude de L’Obsoco (L’observatoire société et consommation) montre ainsi que « 77% des consommateurs qui envisagent de participer au Black Friday prévoient cette année d’en profiter pour acheter leurs cadeaux de Noël… des achats qui auraient donc probablement été réalisés, avec ou sans l’incitation du Black Friday ».
A qui profite donc cette course effrénée aux prix cassés ? A très peu de monde en fait, si ce n’est à quelques mastodontes du e-commerce et certaines grandes enseignes de la mode ou de l’électroménager qui peuvent se permettre de rogner continuellement sur leur marges. Et encore ! Conforama, Tati, La Halle, Pimkie, Virgin, Gap, C&A… La liste des enseignes en difficulté financières, quand elles ne doivent pas se résoudre à tirer définitivement le rideau, s’allongent d’année en année.

Lire aussi : Commerce : l’alimentaire et l’équipement de la maison cartonnent, la librairie et la mode en chute libre

Que dire alors de l’impact pour les commerçants indépendants, qui sont de facto les premières victimes de ce “modèle” économique au rabais. Et notamment dans le secteur de la mode, très friand des promotions. Alors même que leur trésorerie a été mise à rude épreuve par des mobilisations sociales sans fins ces derniers mois, nombre d’entre eux attendent avec impatience les achats de Noël pour relancer l’activité. A moins qu’ils ne se fassent couper l’herbe sous le pied par un nouvel événement commercial qui tombe opportunément à la fin du mois de novembre…
Comment sortir alors de ce cercle vicieux ? En résistant tout d’abord, encore et toujours, et cela passe notamment par sensibiliser le consommateur comme le font les entreprises réunies dans les collectif Green Friday ou « Make Friday Green Again ». Mais surtout en proposant une offre différenciante, qui ne pourra de facto pas se retrouver à prix barrés sur le premier site e-commerce venu. Là repose probablement l’avenir du commerce indépendant ! En attendant, vous pouvez aussi partager cet article, car l’information est le premier vecteur de la résistance et du changement.

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